Après le roman Le Lion de Venise, paru en 2013 à la Maison du Livre, Laetitia Bex publie son deuxième livre, sous le titre L’Américaine. L’histoire vraie et fidèle d’une Aveyronnaise, Maria Olivié, partie en 1912 à San Francisco, rejoindre son mari, ancien mineur de Cransac.

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Ces quatre années qui séparent les deux livres n’auront pas été trop longues, pour préparer l’Américaine. Exhumation des archives familiales, étude des photos et lecture des correspondances, entretiens avec les descendants et les survivants, recherches documentaires sur la mine aveyronnaise et la vie au couvent, sur le voyage transatlantique, sur la Première Guerre mondiale, sur la Grande Dépression et autres événements traversés par l’histoire de l’Américaine, voyages au Havre, à New York et à San Francisco. Laetitia Bex, qui raconte là l’histoire d’une partie de sa famille, a choisi la fidélité jusqu’à la dévotion. Elle a mis sous le boisseau ses propres envies de littérature pour raconter avec des mots simples et totalement sincères l’histoire de Maria Olivié, pieuse fille d’Escandolières, d’abord destinée à la vie religieuse avant de tomber dans les bras du mineur Victor-Adrien, puis d’être contrainte de se séparer de sa fille, de divorcer et de bâtir une nouvelle vie dans un pays qui lui est resté étranger jusqu’à sa mort. Par respect pour cette femme avec laquelle elle est entrée en totale empathie, l’auteure decazevilloise s’est interdit d’introduire la moindre fiction dans son récit.

« Ce n’est pas une success story, prévient Laetitia Bex. Cette femme a surtout subit un destin qui l’a mise en contradiction avec sa propre morale, avec son amour maternel, avec sa dignité d’épouse et avec son profond attachement à son pays natal où est restée toute sa famille. Jusqu’à son dernier souffle, elle a regretté son village. Maria Olivié a construit tout une vie dans un pays où elle ne s’est jamais sentie chez elle, où elle n’a vécu que l’amertume permanente de l’exil. » Quand l’absence de romanesque devient romanesque.

Même le style du livre témoigne du respect de l’auteure pour l’Américaine, le surnom que lui avait donné sa famille aveyronnaise. Laetitia Bex a choisi une chronologie simple, de la naissance à la mort de Maria Olivié. Les faits, gestes et pensées de Maria y sont racontés à la première personne. Le livre reprend, sans en modifier la moindre virgule, plusieurs lettres de Maria à sa fille. Parallèlement à ce récit, et dans la même chronologie, l’auteure raconte, à la troisième personne, la vie de la famille restée à Escandolières puis à Marcillac.

Au passage, on apprend que de nombreux Aveyronnais ont migré vers San Francisco, à la charnière des deux précédents siècles. Là bas, ils ont constitué une communauté soudée qui a prospéré dans la blanchisserie et l’hôtellerie, au côté d’une autre communauté francophone venue du Pays basque.

L’Américaine, publié par les éditions ACALA, est disponible à la Maison du Livre de Rodez, où Laetitia Bex le dédicacera samedi 19 mai, de 10h30 à 12h30.