Lors d’une récente rencontre avec la presse, le président du conseil départemental de l’Aveyron a souhaité partager son inquiétude sur l’avenir du département, que l’Etat, selon lui, est en train d’asphyxier économiquement.

Jean-François Galliard est clair : « Je ne veux pas devenir un chef de bureau de l’Etat ! » S’il était homme à se laisser aller à la colère, il taperait volontiers du poing sur la table. Mais il a préféré se joindre au mouvement de ses collègues présidents de conseils départementaux qui, lors de leur récente assemblée générale à Bourges, ont quitté la salle où la ministre Jacqueline Gourault était venue leur présenter son projet de réforme de la fiscalité locale. En substance, estimant comme ses collègues que le gouvernement veut délibérément « asphyxier les départements », Jean-François Galliard refuse que l’Etat, pour compenser la fin de la taxe d’habitation, ne confisque aux départements la taxe sur le foncier bâti. « Le gouvernement assure que cette perte serait compensée par l’attribution d’une partie de la TVA, mais la TVA est une ressource incertaine, qui dépend de la conjoncture, assure le président de l’Aveyron. Une telle mesure priverait les départements de leur autonomie fiscale. Et priver les collectivités de leur fiscalité, c’est rompre le dernier lien qui subsiste entre les élus et les citoyens. »

Aux conséquences qu’il juge dommageables d’une telle réforme, le président du Conseil départemental de l’Aveyron ajoute aussi la pression financière chaque année plus forte des prestations sociales qui sont à la charge du département (RSA, allocation handicap et allocation personnalisée d’autonomie). En Aveyron, le RSA représente 25 M€, l’allocation handicap, 10 M€ et l’APA, 40 M€. « Les montants de ces allocations sont fixés par l’Etat qui prétend les compenser, explique Jean-François Galliard. Mais il ne compense pas l’intégralité. Chaque année, il reste 9 M€ à la charge du département. »

Cela fait beaucoup et de plus en plus de contraintes budgétaires pour le Département et son président se demande comment il va faire face aux dépenses incontournables tout en maintenant des investissements et des services aux habitants. Et Jean-François Galliard d’énumérer les dossiers difficiles : 6000 km de routes et 1400 ponts à entretenir ; une RN88 qui n’en finit pas de prendre du retard ; l’engagement de finir le barreau de Saint-Mayme pour fluidifier le trafic routier au nord de l’agglomération ruthénoise ; le soutien aux équipements des communes et groupements de communes (16 M€) ; l’aéroport qui doit se trouver une nouvelle compagnie aérienne, un nouveau directeur et un nouveau président et dont le renouvellement de la DSP sur la liaison vers Paris, selon le président Galliard, « va coûter plus cher à la collectivité » ; le déploiement de la fibre optique et de la téléphonie mobile ; l’avenir du palais épiscopal et du haras, etc.

Parmi les rares bonnes nouvelles, le patron du département note que les actions en faveur de l’attractivité du territoire, comme la campagne l’Aveyron recrute, portent quelques fruits : lors de la dernière opération menée à Paris Bercy, 60 personnes ou familles ont manifesté un réel souhait de venir s’installer et travailler en Aveyron, soit 10% des personnes rencontrées par le Département, les communautés de communes et les chambres consulaires.