Le directeur départemental de la Banque de France est venu présenter à la CCI Aveyron les chiffres des dernières enquêtes de conjoncture menées en France et en Occitanie.

 

A la lecture des résultats des enquêtes conduites par la Banque de France auprès des entreprises françaises et celles d’Occitanie, François Jeambrun, directeur départemental de la banque centrale, en arrive à ce constat : « La santé réelle de l’économie française est meilleure que ne l’est le moral des Français ».

Cela étant dit, le représentant de la Banque de France en Aveyron ne cherche pas à édulcorer le tableau économique de ce début d’année 2023. Les chocs successifs encaissés depuis 2019 sont bien réels et ont de lourdes conséquences : Covid et confinements, guerre en Ukraine, explosion des prix de l’énergie et des matières premières, inflation… Tout cela pèse sur le moral des milliers de chefs d’entreprises interrogés, qui manifestent leur inquiétude tout en espérant (parfois en prédisant) un retour à une économie plus florissante. A l’échelle du pays, comme à celle de l’Occitanie et du département, l’année 2022 a été celle de la résilience, 2023 sera sûrement celle du ralentissement et 2024 devrait être celle de la reprise sur fond de détente des prix de l’énergie.

Les entreprises ont consommé beaucoup de carnet de commandes, les trésoreries sont dégradées (coûts des approvisionnements et hausse des salaires), les difficultés de recrutement sont plus importantes que jamais, leurs marges se sont dégradées en 2022, leur niveau d’endettement s’est élevé, toutes les prévisions sont plutôt alarmistes en ce qui concerne le nombre de défaillances à venir dans les entreprises. La cellule de prévention de la CCI Aveyron fait état d’un nombre de procédures collectives passé de 54 et 2021 à 94 en 2022. Et elles devraient être plus nombreuses encore en 2023.

Les difficultés sont très disparates selon les activités : l’industrie souffre un peu, mais l’aéronautique se porte comme un charme, l’agroalimentaire ne va pas très bien, le bâtiment un peu moins bien encore, les services ont battu des records de chiffre d’affaires mais les transports sont très en retard sur leurs investissements à cause des difficultés d’approvisionnement en matériel neuf).

Les chefs d’entreprises prévoient des croissances d’activité, en 2023, moindres qu’en 2022, des niveaux d’investissement moins élevés (sauf dans le transport), mais une rentabilité qui remonte. Les ménages, quant à eux, continuent de bénéficier d’un niveau de crédit en très légère progression linéaire. « Et la proportion d’entreprises qui disposent d’une bonne cote à la Banque de France est supérieure en Aveyron qu’en France et en Occitanie », ajoute François Jeambrun, qui a constaté aussi que les prévisions annoncées par les chefs d’entreprises sont souvent erronées : les bons chiffres sont souvent en deçà de la réalité et les mauvais ne se vérifient pas toujours.

Tout en n’ignorant pas les difficultés, la CCI Aveyron peut elle aussi faire valoir des chiffres qui nourrissent encore l’espoir. L’année 2022, en effet, a connu un record en matière de création d’entreprises : 1432 (dont les 2/3 sont des micro-entreprises). Selon Dominique Costes, président de la chambre consulaire, les principaux enjeux économiques en 2023 en Aveyron sont le recrutement, la transmission des entreprises dont le patron vieillit, la sécurisation des coûts de l’énergie et de la transition énergétique.