L’entreprise de mécano-soudure de Decazeville est en pleine phase de développement grâce, en particulier, aux marchés de l’industrie pétrolière et des énergies. Mais les difficultés récurrentes de recrutement freinent ses projets.
Des immenses ateliers de la zone du Combal sortent régulièrement des pièces métalliques de moyennes et grandes dimensions, des moules, des supports, des turbines, des têtes de radar, des vannes et autres moutons industriels à cinq pattes et plus. Des sous-ensembles complexes, de 500 kilos à 20 tonnes. Bref, MTI, filiale du groupe Ratier-Figeac, est une belle entreprise de mécano-soudure, usinage et chaudronnerie, rescapée de la réindustrialisation du bassin minier après la fermeture de la sidérurgie.
L’une des marques de fabrique de MTI est sa parfaite maîtrise de process qu’elle développe jusqu’à ce qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes. « Nous affinons certains process existant jusqu’à en faire des exclusivités MTI », explique le directeur général Jean-Paul Dieudé. C’est le cas, par exemple, du procédé dit de cladding (revêtement) consistant à déposer par soudure, sur des aciers ordinaires, des dépôts de matériaux nobles permettant d’augmenter localement mais substantiellement les performances mécaniques d’une pièce et d’en réduire considérablement les coûts de fabrication. « Nous avons développé ce procédé au point que nous sommes les seuls, aujourd’hui, à le maîtriser à ce niveau », synthétise Jean-Paul Dieudé.
Cette recherche permanente de l’efficacité et de la qualité de ses procédés a permis à MTI de passer, voilà une quinzaine d’années, du statut de simple sous-traitant à celui de partenaire de grands groupes mondiaux de l’automobile, de l’armement, de l’aéronautique, de l’énergie, du pétrole… Autant de marchés auxquels l’entreprise n’avait guère accès avant de développer ces savoir-faire. Le patron de MTI place beaucoup d’espoir, en particulier, dans le marché de l’industrie pétrolière. Son principal client, dans ce domaine, est le groupe américain Cameron, leader mondial des équipements pour l’exploration, le transport et la production pétrolière et gazière. « Cameron, aujourd’hui, externalise la fabrication de la moitié de ses produits et MTI est l’un de ses partenaires externes. Pour eux, nous fabriquons des vannes de sécurité. C’est pour nous un marché extrêmement porteur car l’industrie pétrolière a besoin de multiplier les forages, les sites d’extraction et d’aller chercher le pétrole toujours plus loin ou plus profond. » L’hydroélectricité et les énergies renouvelables, avec des clients tels qu’EDF et les producteurs indépendants, ou encore la fabrication d’outillages pour l’industrie aéronautique telle que la maison mère Figeac-Aéro, constituent également des marchés pleins de promesses, sur lesquels MTI est déjà positionné.
Pour accompagner cette croissance, Jean-Paul Dieudé porte depuis plusieurs mois un plan d’investissements de 3,8 M€ à réaliser en trois ans. Dans un premier temps, 2M€ seraient consacrés à une extension de 1000 m2 des ateliers et à l’installation de nouveaux outils tels qu’une cabine de peinture ou de fours de traitement thermique. Cinquante salariés supplémentaires devraient alors rejoindre la centaine que compte aujourd’hui MTI. Or, c’est justement là que le bât blesse, car MTI se bat depuis de nombreuses années contre une vraie difficulté de recrutement, liée à deux facteurs : le manque de techniciens qualifiés dans des métiers dont l’image s’est dégradée dans l’inconscient collectif et la faible attractivité du bassin de Decazeville. « Je suis obligé d’aller recruter partout en France et de proposer des ponts d’or à ces candidats pour qu’ils acceptent de venir s’installer ici », résume Jean-Paul Dieudé, qui estime que cette difficulté de recrutement pourrait retarder tout ou partie de son plan d’investissement.