Le président de l’association des maires de l’Aveyron a reçu, vendredi, la ministre déléguée à la centralisation Anne-Marie Escoffier. Ce fut l’occasion pour lui et les élus qu’il représente de redire leur attachement à la strate communale et leur hostilité à une concentration des pouvoirs à la région. Entretien

Grimal

Media12.fr : Dans quel état d’esprit les maires sont-ils arrivés à l’assemblée générale de Lioujas, vendredi ?

Jean-Louis Grimal : C’était pour nous la dernière assemblée avant la fin d’un mandat, qui plus est un mandat difficile, qui s’est déroulé dans un contexte de crise et pendant lequel nous avons été confrontés à deux vagues de réformes. La crise s’est manifestée, pour les communes, par le coup de massue de la baisse des dotations. Cela représente 4,5 milliards, jusqu’en 2015, que les collectivités n’auront pas. Et si l’on rajoute les nouvelles charges à venir, la réforme des rythmes scolaires, la modification de la TVA, on arrive à un total de 6,5 milliards que les collectivités devront financer elles-mêmes. Cet argent n’ira pas dans l’économie locale. Nous avons sur nos territoires des entreprises qui souffrent, en particulier dans le BTP, et nous sommes tous soit dans l’impossibilité d’engager des investissements structurant, soit dans l’attente de savoir ce que vont donner les réformes en cours.

Vous avez également dû travailler à l’intercommunalité…

Oui, la réforme des collectivités de 2010 a imposé des Commissions départementales de coopération intercommunale (CDCI) chargée d’élaborer des schémas intercommunaux. L’Aveyron fait d’ailleurs partie des 33 départements français dans lesquels on n’a pas abouti à ce schémas intercommunal. Il y a encore chez nous six communes qui ne font partie d’aucune structure intercommunale.

A propos des difficultés de l’intercommunalité, quel regard portez-vous sur le cas de Baraqueville, qui souhaite quitter la communauté de communes du Baraquevillois pour rallier la communauté d’agglomération du Grand Rodez ?

La commission départementale de coopération intercommunale (CDCI) avait adopté le principe que l’intercommunalité devait se constituer autour des bourgs centre. Baraqueville, pour nous, est un bourg centre du Ségala. Jamais nous n’aurions imaginé voir un bourg centre abandonner ainsi les communes qui ont contribué à son développement. C’est un grand gâchis, car cela casse tout ce qui a été construit par l’intercommunalité. Alors que l’on veut supprimer les syndicats intercommunaux, il va falloir en créer un nouveau pour gérer les écoles qui fonctionnent en regroupement. Le choix de Baraqueville, qui est motivé par des considérations très politiques, a de graves conséquences parce que je ne suis pas certain que les communes qui restent auront les moyens d’honorer les engagements financiers contractés par l’intercommunalité.

Quel est le point de vue de l’association des maires sur l’acte III de la décentralisation que porte Anne-Marie Escoffier, la ministre aveyronnaise déléguée à la décentralisation ?

Nous avons tous conscience qu’il faut parvenir à faire des économies. Un des moyens d’y arriver est d’éviter que des strates administratives différentes interviennent sur une même thématique. Il faut arriver à constituer des guichets uniques pour les différents domaines d’intervention. Si la décentralisation va dans ce sens, c’est très bien. Si la décentralisation apporte de la cohérence, de la clarification et de la simplification, nous sommes prêts à jouer le jeu. Mais si cela doit créer un nouveau jacobinisme régional, nous n’en voulons pas. Que la région ait la compétence tourisme n’a pas de sens. Vous imaginez le tourisme sur le Lévezou, géré par Toulouse ? La Conférence Territoriale de l’Action Publique, instance de concertation à l’échelle régionale doit être présidée par le présidente de région. N’aurait-on pas pu trouver une représentation plus équilibrée entre nos territoires urbains, périurbains et ruraux ? On pense trop urbain et pas assez rural. Mais si on laisse tomber les territoires ruraux, un jour, les urbains ne pourront plus venir se détendre à la campagne car ils n’y trouveront que des endroits inaccessibles faute d’avoir été entretenus.