L’opérateur industriel du groupe coopératif Alliance Porci d’Oc est l’une des rares entreprises agroalimentaires aveyronnaises à avoir décroché un agrément pour exporter vers la Chine. Les premiers conteneurs de porc surgelé ont été expédiés au cours du 2e semestre 2019.

Déjà très présente à l’export depuis plusieurs années, la société ruthénoise Porc Montagne, qui célèbre ces jours-ci son 25e anniversaire, a fait son entrée sur le marché très convoité de la Chine en juillet dernier. Au cours du second semestre 2019, ce sont ainsi 1200 tonnes de viande de porc surgelée qui ont été expédiées vers l’Empire du Milieu : pieds, oreilles, têtes, queues, plat de côte, poitrine, quarts avant. Un débouché plutôt intéressant pour des produits assez peu valorisés en France et un marché dont les promesses sont vertigineuses pour les pays producteurs de porc. Jusqu’à présent, en effet, la Chine produisait 52 à 53 millions de tonnes de viande de porc (production française : 2,2 millions de tonnes) et se suffisait à sa propre consommation. Mais des problèmes sanitaires en cascade annoncent une baisse de la production chinoise de près de 30%. La désormais deuxième puissance mondiale doit donc s’ouvrir au cochon étranger.

C’est cette opportunité que les dirigeants de Porc Montagne ont su saisir avec une grande intelligence stratégique. Au terme de trois années de démarches administratives, d’audits et de tracasseries exotiques, l’entreprise ruthénoise a décroché l’agrément chinois au printemps 2019.

A l’automne dernier, le site d’abattage et de découpe d’Arsac réservait 100 à 120 tonnes par semaine au marché chinois, sur une production globale hebdomadaire de 500 à 600 tonnes, soit environ 20%. Les produits destinés à la Chine sont surgelés et stockés sur un site de la Manche, à Saint-Lô et partent du port du Havre. Prochainement, une partie du stockage pourra aussi se faire aux Magasins généraux d’Arsac qui viennent d’obtenir l’agrément. « Par sécurité, nous allons garder les deux sites de stockage », explique Serge Clamagirand, ancien directeur et toujours administrateur de Porc Montagne.

Même si elle peut faire preuve d’audace, la direction de Porc Montagne n’est pas du genre à lâcher la proie pour l’ombre. « 20% pour la Chine, c’est déjà pas mal, relève encore Serge Clamagirand. Il est peu probable que nous allions plus loin car c’est un marché sur lequel nous n’avons pas d’assurance et nous ne voulons pas abandonner nos clients historiques en France. » Prudence et loyauté.

En matière d’export, d’ailleurs, le groupe coopératif Alliance Porci d’Oc ne met pas tous ses œufs dans le même panier. Ses produits sont présents aux Philippines, à Taiwan, en Europe de l’Est, en Afrique et, jusqu’au Brexit, au Royaume Uni. Soit environ 12% de la production totale de viandes et salaisons.