Le président de la CCI de l’Aveyron fait un bilan de mi-mandat en forme de plaidoyer pour la reconnaissance du rôle des entreprises dans la vie du territoire, celle du dynamisme économique de l’Aveyron à l’échelle de la région et pour une chambre consulaire en tout point exemplaire. Entretien

Manu Cantos

Media12.fr : On a l’impression que, de plus en plus, la CCI de l’Aveyron sort d’une discrétion qui, de l’extérieur, rendait son rôle un peu flou, ses actions peu visibles et sa voix quasi inaudible. Cette nouvelle visibilité, est-ce la marque de Manuel Cantos ?

Manuel Cantos : La Chambre de Commerce et d’Industrie a toujours été un acteur incontournable de l’économie du territoire. C’est même le premier de ces acteurs. La CCI est dirigée par des chefs d’entreprises, or, j’ai la faiblesse de penser que les chefs d’entreprise sont plus fondés que tout autre à parler d’entreprise et d’économie. Jusqu’alors, avec deux CCI dans le département, il était assez difficile d’avoir une communication cohérente. Les deux chambres ont fusionné en 2011 et on peut dire que les équipes en place ont réussi cette fusion. C’était un challenge très important. Les élus s’entendent bien, il n’y ni clan ni contentieux et les cadres, les experts et les techniciens sont dans le même état d’esprit. Tout le monde (135 personnes) est au travail avec efficacité. A partir de la fusion, nous avons été plus visibles. Nous avons créé le magazine AveyronEco, nous avons organisé des forums, nous avons créé l’opération l’Aveyron des Champions qui met en lumière les performances et les compétences des entreprises aveyronnaises. A travers tout cela nous cherchons à faire reconnaître le rôle essentiel que les entreprises jouent dans le dynamisme du département. Pour appuyer ce discours, nous avons amélioré nos relations avec la presse. A ce propos, je signale que la CCI, contrairement à d’autres, n’exerce aucune pression économique sur la presse. Ce qui nous caractérise et différencie la CCI des autres acteurs, c’est notre  liberté de parole, de ton. Nous n’avons pas besoin de chercher à nous faire élire…

Représenter les entreprises dans le territoire est une chose, mais que faites-vous pour représenter le territoire à l’extérieur ?

De la même manière que les treize commissions de travail de la CCI de l’Aveyron sont très actives (elles se réunissent au moins une fois par mois), les six élus aveyronnais titulaires à la CCI régionale sont eux aussi extrêmement actifs. Ils sont six sur cinquante-cinq représentants et ils occupent tous des places très importantes. Je suis moi-même vice-président de la CCIR ; Bernard Dalmon est président de la commission industrie ; Benoît Bougerol est président de la commission commerce ; Jean-François Boyer est l’homme fort de la commission des ressources humaines ; Christian Poncet joue un rôle de premier plan en matière de formation. Nous faisons tous en sorte que l’Aveyron soit considéré à sa juste place en matière économique, c’est-à-dire comme le deuxième département de Midi-Pyrénées en terme de pesée économique. Le département compte 12 000 entreprises qui emploient 47 000 salariés et nous n’oublions pas de valoriser le département dans son ensemble, sans oublier personne. C’est d’ailleurs la démonstration que nous faisons en organisant des assemblées générales décentralisées, avec des visites d’entreprises.

Des représentations, des symboles… mais, concrètement, que fait la CCI pour soutenir les entreprises ?

Vous parlez de symbole ? En voilà un : désormais, les services de la CCI sont ouverts non-stop de 8h30 à 18h. La CCI est l’un de ces très rares établissements publics qui s’est adapté aux besoins de ses ressortissants. De ce point de vue-là, nous voulons être exemplaires. Nos services proposent aux entreprises un catalogue de 137 prestations différentes. Nous avons des conseillers territoriaux qui se déplacent dans les entreprises pour recueillir le ressenti des dirigeants et les inviter à se rapprocher de la CCI quand ils ont un doute ou une difficulté. Les chefs d’entreprises sont souvent seuls face aux responsabilités ; nous pouvons lui apporter des éclairages qui vont l’aider dans ses choix. Nous avons renforcé notre cellule de prévention des difficultés. Nous avons relancé un club export qui somnolait. Nous avons créé un club des entreprises du patrimoine vivant. Nous soutenons la démarche de dynamique industrielle lancée par un groupe de chefs d’entreprises qui fait un état des lieux des établissements industriels afin d’anticiper les évolutions à venir et imaginer  une stratégie globale de l’industrie aveyronnaise. Nous sommes un partenaire actif des plateformes d’initiatives locales, désormais réunies sous la bannière d’Aveyron Initiatives. Nous avons participé à la création d’Investir en Aveyron, un business angel qui permet à des investisseurs de devenir, pour un temps déterminé, actionnaires d’entreprises aveyronnaises en création ou en développement.

Et en matière de formation, la CCI fait preuve du même engagement ?

Chaque année, nos établissements forment 5 000 personnes dans le département. Et il faut rappeler, parce que ça passe inaperçu, que la CCI est la seule école, en Aveyron, qui forme des ingénieurs à bac plus 5. Nous sommes particulièrement fiers de l’école d’animateurs que nous avons créée à Saint-Affrique. Chaque année, les 80 animateurs qui sortent de l’établissement trouvent tous un emploi immédiatement. Les professionnels sont de plus en plus nombreux à nous solliciter. Parmi les projets, nous préparons avec l’INSA de Toulouse une formation par alternance d’ingénieurs mécaniciens spécialisés dans les énergies. La première promotion de 24 étudiants fera sa rentrée en 2014.

Compte tenu de la richesse du bilan que vous faites là, peut-on vous considérer comme un président comblé, un président heureux ?

Modestement, je pense avoir apporté ma pierre à cette construction. Je suis un président qui mouille sa chemise, qui sort de son bureau, qui va à la rencontre des entreprises du département, au côté des élus locaux et des dirigeants. Je me déplace auprès des chefs d’entreprise même quand ce n’est pas très confortable pour moi, même quand le dirigeant à des choses désagréables à me dire. Mais au-delà du président, ce sont tous les élus et tous les personnels de la CCI qui sont présents, actifs, efficaces. Nous nous efforçons tous de faire de la CCI un établissement irréprochable, exemplaire, avec les moyens dont nous disposons. Il ne faut pas perdre de vue que le budget de la chambre consulaire a été réduit de 2,5 millions d’euros. Pour le reste, le président que je suis aujourd’hui s’applique à préparer l’avenir de la future équipe dirigeante. Car, je l’ai déjà dit et je le répète, je n’ai pas l’intention de faire un deuxième mandat.