Le groupe semencier et agrofournisseur aveyronnais célèbre son 100e anniversaire. En fort développement depuis une vingtaine d’années, ce leader européen des blés durs est aussi un champion de l’innovation, ce qui lui ouvre en grand les portes d’un nouveau centenaire.

Certains chiffres sont plus éloquents que de longs discours : 3 paquets de pâtes consommés en France sur 4 sont fabriqués à partir de blés durs RAGT ; une bière brassée en France sur 2 est élaborée à partir d’orge RAGT ; 1 baguette de pain vendue en France sur 4 a été préparée avec des farines issues de blés tendres RAGT.

RAGT est donc présente dans le quotidien de la plupart des foyers français. L’entreprise est plus présente encore auprès des agriculteurs du Sud du Massif Central (Aveyron et Tarn en tête) auxquels elle vend ses semences, des fournitures diverses et des conseils en ingénierie agricole.

On est loin des origines de l’entreprise, issue, au début du XXe siècle, de plusieurs syndicats agricoles communaux. Il s’agissait alors de faciliter l’accès des agriculteurs aveyronnais au progrès en leur proposant du matériel, des produits, des assurances, des financements (le Crédit agricole est né dans ce mouvement-là), des formations (le syndicaliste Raymond Lacombe en a bénéficié)… C’est ainsi que, le 22 février 1919, est née la coopérative Rouergue Auvergne Gévaudan, devenue ensuite Rouergue Auvergne Gévaudan Tarnais (RAGT) puis convertie en SAS à la fin de la Seconde Guerre mondiale. « Mais avec un actionnariat détenu majoritairement par les descendants des fondateurs, comme c’est le cas aujourd’hui encore, précise Claude Tabel, président du directoire. Autrement dit, RAGT est une société qui ne distribue que peu de dividendes ; l’essentiel de ses bénéfices est réinvesti dans le développement de l’entreprise. » Et d’ajouter : « Bien que nous soyons une entreprise internationale, notre siège est toujours à Rodez, notre principal centre de recherche est à Druelle et nous investissons chaque année une dizaine de millions d’euros sur le territoire. C’est aussi l’une de nos fiertés. »

Une mission et une ambition

Le groupe RAGT aujourd’hui marche donc sur deux jambes : l’agro-fourniture, au travers d’un réseau de 29 magasins à l’enseigne RAGT Plateau Central, et les semences grandes cultures qu’elle développe et commercialise en Europe et sur les quatre autres continents. Le premier métier, local et considéré comme « la mission » du groupe, mobilise un tiers des 1300 salariés du groupe. Le second métier, international, présenté comme « l’ambition » de l’entreprise, occupe deux tiers des effectifs et produit 210 des 350M€ de chiffres d’affaires annuel. RAGT Semences compte 17 centres de recherche en Europe et 17 filiales commerciales. Depuis quelques années, au-delà de l’Europe qui constitue son premier marché (elle figure dans le Top 5 européen), l’entreprise aveyronnaise est aussi présente en Nouvelle Zélande, Australie, Argentine, Brésil, Etats Unis et Chine. RAGT développe 32 espèces (alors que ses concurrents sont souvent beaucoup plus spécialisés) de grandes cultures : fourrages, céréales, oléagineux, conventionnels et bio. « A l’exception des semences potagères, nous apportons des solutions à tous les agriculteurs et à toutes les agricultures », synthétise Claude Tabel.

Avec 40% de ses effectifs et 18% de son chiffre d’affaires affectés à la recherche, la centenaire aveyronnaise est parée pour affronter le nouveau siècle qui s’ouvre à elle. Dans son métier local, elle a récemment acquis feue Mélila qui lui permet de se développer sur le marché des aliments pour bétail en ajoutant le mash et les flocons à son offre de granulés. Elle développe beaucoup le conseil et l’ingénierie au service des agriculteurs, pour répondre à leurs besoins de rationalisation des exploitations, de méthode de travail, de réduction des intrants et de réponse aux attentes sociétales. Dans son métier international, RAGT poursuit son travail sur la recherche de qualité des produits issus de ses semences, sur la résistance des espèces aux maladies et parasites, à la sécheresse. « Nous travaillons à l’adaptation des plantes aux changements climatiques en cours », explique Claude Tabel. Sachant qu’il faut au minimum une dizaine d’années pour mettre au point une nouvelle variété, les équipes de RAGT sont occupées pour une bonne partie des cent prochaines années.