Le fondateur de la SICA Informatique Agricole de l’Aveyron puis de SIA 12 prend sa retraite avec le sentiment du devoir accompli, au terme d’une vie professionnelle foisonnante, marquée par une inventivité de tous les instants et une grande fidélité à son Aveyron.

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Claude Calvet aurait probablement pu faire une belle carrière, confortable et lucrative, au siège américain d’IBM. Ses résultats à un test imaginé par le géant de l’informatique lui ont valu ronds de jambe, voyage aux Etats-Unis et accueil VIP. Plus tard, le concurrent HP lui a également fait des œillades tout aussi appuyées. Mais le fils de paysan de Rignac a préféré l’Aveyron et le développement de l’informatique dans le monde agricole, terre vierge où il y avait tant à défricher et à cultiver. « Et puis, on a rarement vu un coffre-fort suivre un corbillard », glisse-t-il dans un sourire.

Claude Calvet est de ces hommes dont on dit qu’ils ont « une vision ». Ils voient clairement ce que les autres ne discernent pas dans le fatras du présent ; ils entendent ce que les autres ne distinguent pas dans les murmures du progrès ; ils comprennent ce que les autres ne comprennent pas. Il n’a donc pas eu besoin d’Amérique pour emplir sa vie professionnelle. Il y a tant à inventer, où que l’on soit.

Claude Calvet n’a donc cessé d’inventer, depuis son entrée en 1969 à l’Office de Gestion Agricole de l’Aveyron (OGSAA), en qualité de comptable, jusqu’à cette année 2014 qui va marquer son départ définitif des affaires. C’est à partir de 1980, après avoir gravi tous les échelons internes, qu’il donnera la pleine mesure de ses capacités. Cadre de direction en charge de l’informatique, Claude Calvet n’aura de cesse de moderniser l’outil informatique de l’office de gestion, permettant de substantiels gains de productivité, une efficacité croissante et un confort de travail accru. Durant cette faste période d’informatisation à tout va, Claude Calvet est de toutes les nouveautés, de toutes les expérimentations. « C’est au cours de ces années que j’ai découvert que j’étais doué pour l’informatique ; j’ai, en particulier, compris que j’avais un certain talent pour l’architecture des systèmes », explique-t-il simplement. Dans ces années quatre-vingts, il crée le relevé de compte professionnel avec le Crédit Agricole (relevé qui sera généralisé à toute la France) ; à Paris, au sein de l’Institut de gestion et d’économie rurale (IGER), il développe le premier logiciel de comptabilité agricole pour microordinateur, Gestami, qui restera le leader en France vingt ans durant ; en Aveyron, il équipe le premier client agriculteur (le volailler Castes à Mayran) d’un ordinateur et du logiciel Gestami ; il fait partie de l’équipe qui rédige le cahier des charges du premier ordinateur portable professionnel, le Bull Micral P2 ; sollicité par le ministère des Télécommunications, il devient le pilote de la télématique professionnelle en France, à travers l’expérimentation du Minitel et du logiciel Sésame auprès des agriculteurs (il imposera le clavier azerty au Minitel, jusqu’alors équipé d’un clavier alphabétique)…

En 1984, il sera l’un des acteurs de la création de la SICA informatique agricole de l’Aveyron, structure chargée d’assurer le service informatique interne des organisations professionnelles agricoles et de leurs satellites, de conseiller et d’équiper en informatique les agriculteurs du département. A la tête de la SICA, Claude Calvet continue d’innover : abandonne Bull pour HP, développe Compte 12, accessible par internet, réalise le premier téléchargement de logiciel en France, crée un réseau privé client-serveur sur le département…

En 2002, il propose la création de SIA12 à Bourran, afin de diversifier le marché de la SICA vers les autres professionnels que les agriculteurs. « J’ai dû imposer cette idée, menacer de partir, se rappelle Claude Calvet. J’ai obtenu le feu vert, mais Jean Laurens m’a averti : Si vous vous plantez, nous vous coupons la tête ! » L’ancien président de la Chambre d’Agriculture est, depuis, devenu l’un de ses premiers soutiens…

En 2007, « usé », Claude Calvet quitte la SICA et lui rachète SIA12 avec les cadres de l’entreprise. Une crise économique et sept ans après, au seuil du départ, le fondateur de SIA12 laisse à ses cadres une société de services et d’ingénierie informatique florissante, avec un effectif de douze personnes, un portefeuille clients de plusieurs milliers de PME, artisans et établissements publics en majorité contractualisés.

Toute sa carrière durant, les choix professionnels de Claude Calvet ont été dictés par un seul dogme : la liberté de créer. Aujourd’hui, il reprend toute sa liberté. Peut-être pour créer autre chose…