Guillaume-Tomas Raynal (1713-1796), à la fois homme d’église et « compagnon de route » des philosophes des Lumières (il fut notamment très proche de Diderot), est l’un de ces personnages dont la réflexion compta énormément au dix-huitième siècle. Auteur notamment du monumental ouvrage “L’histoire des deux Indes“, rien ne prédestinait cet aveyronnais d’origine à devenir un philosophe éclairé puisqu’il était issu d’une famille de Saint-Geniez d’Olt qui s’était enrichie en touchant d’assez près au sinistre commerce triangulaire.
Quoi qu’il en soit, cet homme, tomba peu à peu dans l’oubli, peut être parce qu’il survécu à la Révolution et eut l’occasion de s’insurger contre la Terreur. Depuis quelques années, un universitaire, d’origine aveyronnaise lui aussi, a entrepris, sinon de remettre Guillaume-Thomas Raynal au goût du jour, du moins de lui rendre justice en montrant bien quel a été son apport à l’idéologie des Lumières.
Après avoir consacré sa thèse à celui qui fut tout à la fois journaliste, philosophe, chroniqueur, historien, compilateur avisé, Gilles Bancarel fut notamment le maître d’œuvre de “l’année Raynal “, placée, en 1996, sous le patronage de l’Unesco. Depuis, entre publications savantes et conférences, il ne cesse de promouvoir l’image du penseur à l’activité inépuisable.
Il y a quelques jours, Gilles Bancarel a ainsi été reçu à l’Assemblée nationale par le député de l’Aveyron, Arnaud Viala. Il s’agissait de présenter le projet de monument en l’honneur de Raynal. Un projet porté conjointement par la société d’études Guillaume-Thomas Raynal et la société historique d’Auteuil et de Passy (Raynal séjourna longuement dans le secteur). Une représentante de la mairie du seizième arrondissement participait logiquement à cette réunion, tout comme des chercheurs du CNRS, l’ambassadeur Jean-Noël Tordjman, grand connaisseur du philosophe, une productrice de cinéma, un descendant de la famille Raynal, Jacques Godfrain qui, en tant qu’ancien ministre de la coopération a souvent entendu parler de Raynal, l’écrivain Rémy Soulié…
Cette rencontre aura aussi été l’occasion d’apprendre que L’histoire des deux Indes pourrait bientôt entrer dans les livres scolaires, et que Raynal aurait toute sa place dans le musée de l’Indépendance américaine qui va voir le jour à Philadelphie.
Quant au monument parisien en l’honneur de l’illustre aveyronnais, il pourrait voir le jour l’année prochaine.