Le président de la CCI s’est livré à l’inspection du cartable économique de l’élève Aveyron au sortir des vacances. Le territoire est prêt pour la rentrée mais devra faire des efforts dans certaines matières.
Avec la volonté de reprendre la parole économique aux politiques, qu’il estime moins compétents en la matière que les chefs d’entreprises qui composent la structure consulaire, le président de la chambre de commerce s’est prêté à un tour d’horizon de la situation économique du département. L’occasion aussi, pour lui, de se lancer dans un plaidoyer pour la réindustrialisation du pays. « L’industrie est l’activité qui crée des emplois productifs, les seuls qui apportent de la plus value », dit-il, préférant également deux entreprises industrielles de 50 salariés à une seule de 100 salariés.
L’industrie d’abord
Dans ce secteur, le président de la CCI a relevé le nom des meilleurs élèves et de ceux qui portent encore quelques promesses de succès : LISI Aerospace à Villefranche, qui prévoit d’investir 25 M€ sur une nouvelle usine ; Bosch, qui a eu l’intelligence de signer « un bon accord de productivité » ; SAM à Viviez, qui prend des commandes mais doit continuellement réduire ses coûts ; les entreprises de mécanique, qui travaillent beaucoup mais sont confrontées à des difficultés de recrutement (« Une aberration inacceptable dans le contexte social actuel ») ; RAGT, leader mondial sur le marché des semences et fierté 100% aveyronnaise ; Raynal et Roquelaure, qui se porte comme un charme depuis qu’elle a intégré une partie de l’activité de Sainte-Livrade ; la coopérative Jeune Montagne, « seule entreprise du département qui maintient une croissance à deux chiffres depuis des années » ; Roquefort, qui doit résister à une sensible érosion de son marché (- 9%) ; le bois meuble sinistré, certes, mais le bois construction plein de promesses, à l’image des entreprises du groupe Finadorm ; le BTP qui souffre encore de la faiblesse de la commande publique, malgré « un premier semestre 2013 convenable » ; la niche du luxe (ganterie, mode, coutellerie), qui se porte très bien ; l’imprimerie, qui se débat dans un marché morose et ultra-concurrentiel ; le tourisme, dont la place dans l’économie locale ne cesse de progresser mais qui doit accuser le coup d’une saison 2013 globalement peu satisfaisante ; le commerce, qui perd cette année du chiffre d’affaires et de la marge ; l’export, dans lequel certaines entreprises aveyronnaises se sont lancées avec succès et « seul vrai moyen de se développer ».
Une crise ? Non, une révolution !
Et Manuel Cantos de résumer ainsi la situation : « L’Aveyron est une terre de résistance » dans un contexte qu’il ne faut pas, selon lui, considérer comme une crise, mais comme « un changement complet de civilisation sans retour possible ».
La photo de classe faite par le président de la CCI révèle ainsi un territoire où apparaissent des disparités. Rodez reste le cœur économique du département, Villefranche s’en sort grâce à quelques entreprises dynamiques (LISI, Castes menuiseries, charcuterie Sacor…), le bassin Decazeville-Capdenac stabilise sa reconstruction après le chaos de la fin de la sidérurgie, le Nord-Aveyron connaît quelques beaux succès à l’export grâce à sa coutellerie, mais le Sud Aveyron semble souffrir plus que les autres régions et « la ville de Millau ne tirerait pas de l’A75 et du viaduc les effets attendus ».