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19 mars 2015

L’éclipse va priver l’Europe d’électricité photovoltaïque

Vendredi 20 mars, entre 9 heures et 12 heures, une éclipse exceptionnelle cachera jusqu’à 80% du soleil en Europe, entraînant l’« effacement » de 34 000 mégawatts (MW) de capacités des panneaux solaires disponibles.

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Tous les gestionnaires européens de lignes à haute tension – à l’image de Réseau de transport d’électricité (RTE) en France – sont sur les dents. « Cette baisse brutale de la production photovoltaïque, si elle n’est pas instantanément compensée par d’autres moyens de production, pourrait faire peser un risque sur l’équilibre du réseau et entraîner des coupures d’électricité », prévient RTE, qui, ne parlant pas toutefois de black-out, ne dramatise pas.

La filiale d’EDF indique qu’elle est mobilisée dans le cadre de la « coordination » des gestionnaires de réseaux européens, un travail indispensable à la sécurité de l’approvisionnement électrique du Vieux Continent.

La situation risque d’être particulièrement tendue entre 10 heures et 10 h 30 en cas de fort ensoleillement puisque, leur « combustible » étant gratuit, les centrales solaires sont sollicitées en priorité quand le soleil brille. Or, l’interconnexion des réseaux est de plus en plus importante et leurs gestionnaires devront réagir de manière coordonnée et instantanée lors de l’éclipse.

Tous les pays ne sont toutefois pas logés à la même enseigne. L’Allemagne sera la plus exposée, puisque 17 000 MW de solaire (sur un total de 40 000 MW) seront touchés. Elle sera suivie de l’Italie (7 000 MW concernés sur 20 000 MW), puis de la France (2 000 MW sur 5 400 MW). L’équivalent, pour l’Hexagone, de deux réacteurs nucléaires, ce qui est a priori parfaitement gérable.

Mais la France s’inscrit dans un contexte européen. « La baisse de la production photovoltaïque, si elle n’est pas compensée en quelques instants, pourrait entraîner un déséquilibre entre la production et la consommation, provoquant ainsi une variation importante de la fréquence électrique sur laquelle fonctionnent les réseaux des trente-quatre pays européens interconnectés », prévient RTE.

Réglée sur 50 hertz (Hz), cette fréquence doit être maintenue entre 49,5 Hz et 50,2 Hz pour éviter que certaines centrales se déconnectent automatiquement du réseau pour protéger leur matériel.

Ces gestionnaires sont réunis au sein d’une structure, l’European Network of Transmission System Operators (Ensoe-E), dont il existe un équivalent pour le gaz. Elle a arrêté un « plan d’action commun ». Les réserves de production seront accrues dans chaque pays durant la matinée de vendredi, notamment en France (+ 50 %).

D’autres moyens de production, « essentiellement hydrauliques », seront mobilisés et « pourront être activés en moins de quinze minutes », indique RTE, qui pilote le réseau depuis son centre national d’exploitation du système (CNES) de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Dans ce cas, l’Aveyron, qui produit plus de 10% de l’hydroélectricité du pays, aura un rôle important à jouer. Dernière possibilité, mais seulement en cas d’urgence : des délestages, le courant étant momentanément coupé chez certains clients.

En août 1999, un phénomène de même ampleur s’était produit, mais il n’avait eu aucun impact sur le réseau ; la capacité photovoltaïque était alors cent fois inférieure à celle d’aujourd’hui.

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