L’entreprise familiale de Sonnac, près de Capdenac, est devenue en un demi-siècle le cinquième fabricant français de cercueils et doit déployer de nouvelles stratégies pour conserver sa place sur un marché qui, contre toute attente, ne cesse d’évoluer.
Le métier de Carle Funéraire a beaucoup évolué depuis la création de la menuiserie de Jean-Marie Carle, en 1962. De l’usine de Sonnac sortent chaque année 40 000 cercueils. Avec quelques milliers de modèles haut de gamme importés d’Italie pour offrir une gamme complète, Carle fournit 9% du marché national, ce qui place l’entreprise au cinquième rang en France. « Nous sommes le plus petit des gros fabricants, loin derrière le leader qui occupe à lui seul le quart du marché », explique Sylvie Dellac, fille du fondateur, qui co-dirige l’entreprise avec son frère Jérôme, son mari Jean-Marc et sa belle-sœur Jacqueline.
Même si le marché du funéraire se renouvelle naturellement sans fin, s’y maintenir en bonne place exige d’être attentif aux évolutions. Depuis longtemps, déjà, l’entreprise Carle a dépassé le stade de simple fabricant de « boîtes » dans une usine très largement automatisée. C’est en partenaire des pompes funèbres que l’entreprise de Sonnac se présente aujourd’hui, avec une gamme adaptée de cercueils, modèles d’exposition, capitonnages, ornements, urnes, matériel de chambres funéraires, et logistique adaptée pour des livraisons express. Récemment, Carle Funéraire a aussi beaucoup travaillé sur l’impact environnemental de ses produits, préférant des essences à croissance rapide ou des bois de forêts durablement gérées, abandonnant les colles et vernis avec solvants, adaptant les cercueils au développement de la crémation, ajoutant des urnes biodégradables à sa gamme… « Il y a eu une évolution très sensible des modes de consommation du funéraire, assure Sylvie Dellac. Les familles choisissent des produits moins haut de gamme, avec moins d’ornements ; le développement de la crémation a également fait baisser le niveau de gamme. »
Les produits Carle Funéraire sont vendus de Bretagne à la région Paca, aux grossistes et entreprises de pompes funèbres. Afin de compenser la réduction des marges du fabricant, Carle conduit de front deux stratégies : la poursuite de l’automatisation des fabrications et l’élargissement de son marché. Pour ce faire, depuis quelques années, en Bretagne et dans le sud-ouest, l’entreprise a intégré plusieurs grossistes. « Nous avons racheté notre plus gros client qui se trouvait à Marseille, explique Sylvie Carle ; c’est devenu une filiale. Nous avons procédé de même avec un grossiste de sud Bretagne. Cette stratégie présente pour nous deux intérêts : en devenant nous-mêmes distributeurs, nous contrôlons mieux les importations, en particulier de Chine ; par ailleurs, nous gagnons plus facilement la confiance des entreprises de pompes funèbres en étant fabricant. »
Carle Funéraire emploie aujourd’hui 37 personnes à Sonnac et une dizaine dans ses succursales commerciales disséminées sur le territoire. Le chiffre d’affaires se situe, pour cette année, autour de 13 millions d’euros.
