La mégisserie Alric tient un place essentielle dans l’industrie millavoise du cuir, où elle produit des peaux dont la finesse et la souplesse conquièrent les grandes marques mondiales du luxe.

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L’entreprise millavoise, dont l’histoire remonte à la première moitié du XXe siècle, revient de loin. Reprise en 1995 par François Duchêne après un dépôt de bilan, la mégisserie est aujourd’hui l’un des très rares acteurs mondiaux de la peau destinée à l’industrie du luxe, ganterie, maroquinerie, vêtements. Repartie avec 10 salariés, elle en compte aujourd’hui une  trentaine, qui produisent chaque année environ 200 000 peaux d’agneau, de petits veaux et même de cheval (pour l’orthopédie). Depuis 2013, preuve d’un savoir-faire hors norme, la mégisserie Alric teint également de la peau de crapaud buffle pour le compte d’une styliste polonaise… La moitié de la production part chez des clients français, l’autre moitié va à l’étranger.

« Bien qu’il mette essentiellement en œuvre des méthodes traditionnelles, notre métier est très compliqué, extrêmement précis et très risqué. La matière première est chère et les peaux que nous produisons le sont bien plus encore. Nous n’avons pas le droit à l’erreur car nos clients ne transigent absolument pas sur le moindre minuscule défaut », explique Jean-Charles Duchêne, qui a succédé à son père en 2010. Actuellement, la mégisserie Alric est l’une des dernières à utiliser le procédé de pelanage à la chaux très anciennement développé pour l’industrie gantière. Ce procédé, plus long et plus coûteux que les autres, a l’avantage de conférer aux cuirs une souplesse et des propriétés de teinture inégalables. La teinture est l’une des spécialités de l’entreprise, qui réalise sur demande toute couleur, en plus des cent références de sa carte. La souplesse et la finesse des peaux (0,4 mm à 1 mm) confère un toucher unique, caractéristique des cuirs de la mégisserie Alric.

C’est ce qui fait que ces cuirs sont recherchés par toutes les marques de haute couture et de maroquinerie de luxe dans le monde. « En réalité, nos peaux vont là où les grandes marques du luxe font fabriquer leurs produits, résume Jean-Charles Duchêne. Or, c’est en Italie que se trouvent tous les grands ateliers et c’est donc dans ce pays que nous réalisons 80% de notre chiffre à l’export. A la suite d’un salon international, nous avons gagné un client américain qui fait fabriquer en Chine ; nous allons donc en Chine. »

Le mégissier est ainsi contraint à entretenir une relation triangulaire avec la marque de luxe et les ateliers qui fabriquent pour elle. « Hermès achète directement ses peaux chez nous et les confie ensuite à ses façonniers, par exemple, mais la plupart des marques se contentent de nous diriger vers leurs façonniers qui, de fait, sont nos clients, explique Jean-Charles Duchêne. Dans tous les cas, nous sommes en relation permanente avec les marques et avec les ateliers. Il peut arriver qu’une marque nous conduise vers un atelier qui travaille aussi pour un autre commanditaire avec lequel nous pouvons alors prendre contact dans une démarche commerciale. Pour gagner de nouveaux clients, nous devons être en veille permanente, être présents sur les salons, sentir le marché, être attentifs aux nouvelles marques qui émergent en Asie ou ailleurs. C’est la raison pour laquelle nous sommes toujours en déplacement à travers le monde. »