Michel Wolkowitsky rêvait d’une carrière de chanteur lyrique au sortir du conservatoire de Toulouse. Il est devenu le directeur de l’un des plus prestigieux festivals de musique sacrée en France. Celui de Sylvanès, qui se déroule du 7 juillet au 25 août

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Arrivé en 1975 dans les pas d’André Gouzes, jeune prêtre dominicain bouleversé par la beauté et le destin des lieux, il y a créé l’association qui, depuis près de quarante ans, restaure et anime l’abbaye cistercienne. Portée par la beauté du monument et de son environnement, nourrie du travail mondialement reconnu du père Gouzes sur la musique liturgique, consolidée par l’exigence artistique de Michel Wolkowitsky, servie par l’acoustique de l’abbaye (la meilleure de France!) et cautionnée par la présence et l’amitié des plus grands musiciens du monde, Sylvanès est devenue une formidable entreprise culturelle en milieu rural. Le Centre international de rencontres artistiques, culturelles et musicales de Sylvanès, c’est un festival de musiques sacrées et musiques du monde, des ateliers d’éducation artistiques, un centre de formation vocale, des colloques et séminaires et un lieu de vie spirituelle. C’était aussi une maison d’édition musicale vendue il y a peu de temps à Bayard Presse. Sylvanès fonctionne ainsi dix mois sur douze. « Il ya quarante ans, nous avons fait des promesses que nous avons tenues », résume le directeur général.

Culture et économie

De cet engagement total, Michel Wolkowitsky a conçu la foi certaine que la culture peut aussi être un levier de développement économique efficace et pérenne. Il en a fait le calcul : de 1978 à 2010, plus de dix millions d’euros ont été investis dans la restauration de l’abbaye et la création de ses structures d’animation et d’accueil (aménagement du château de Gissac en hôtel, prieuré des Granges avec sa bibliothèque, musée Zamoyski). Autour de l’abbaye, la commune de Sylvanès a gagné un restaurant, un magasin de produits régionaux, des chambres d’hôtes, deux licences de taxi. Un peu plus loin, l’hôtellerie et les commerces de Camarès et Saint-Affrique profitent également de l’activité de Sylvanès.La saison 2012 a généré un chiffre d’affaires global de 1,5M€ (centre culturel, festival, hôtellerie et édition).

Le privé à la rescousse

La culture peut aussi s’exprimer en chiffres et Michel Wolkowitsky n’en est pas avare, tant ils sont éloquents en termes de fréquentation et, par conséquent, d’activité touristique. Sylvanès a fait venir en Aveyron, l’année dernière, quelque 75000 personnes (stagiaires, musiciens, festivaliers, visiteurs). Sur le million d’euros de budget annuel, l’abbaye de Sylvanès rétrocède aux entreprises locales plus de 300000 euros en communication, transports, locations techniques, hôtellerie, frais postaux et routages, soit, peu ou prou, l’équivalent des aides publiques qu’elle reçoit du Département et de la Région.

Malgré l’indéniable succès international de son entreprise, il n’a pas échappé à Michel Wolkowitsky que les conditions économiques sont chaque année un peu moins favorables à la culture. Pour lui et Sylvanès, le salut se trouve probablement dans la recherche de partenaires privés. C’est le sens de la démarche qu’il a engagée avec l’aide de la Fondation du Patrimoine pour trouver le financement du prochain grand chantier de Sylvanès : la réfection des vitraux par un artiste coréen, Kim En Joong, à qui l’ont doit les vitraux d’une multitude de cathédrales et monuments en France et dans le monde.