L’entreprise aveyronnaise de transports et de location de bennes va faire rouler une partie de sa flotte de camions à l’huile de colza français. Un pas de plus sur le chemin de la mobilité décarbonnée emprunté par Christian Braley.

Signe que la crise sanitaire actuelle n’a pas tout pétrifié, l’entreprise Braley, à Bezonnes, vient de se faire livrer une cuve spéciale pour stocker de l’huile de colza. Il s’agit d’un carburant nommé Oléo100, produit à 100% à partir de colza français, renouvelable et tracé, qui va alimenter une partie des camions du transporteur spécialisé dans les produits agricoles et les déchets. Ce substitut au gazole, qui peut être utilisé dans les moteurs des véhicules de la norme Euro 1 à Euro 5 sans transformation, est classé par la réglementation REACH comme « non dangereux » pour la santé humaine et l’environnement, ce qui lui confère un avantage majeur par rapport au gazole et au fioul. Il n’est toxique ni pour l’homme ni pour la nature, son point d’inflammabilité est supérieur à 100 °C (contre 55 °C pour le gazole) et son stockage ne nécessite pas de classement ICPE (installation classée pour la protection de l’environnement) et pas de demande ATEX. Son utilisation permet de réduire de 60% les émissions de CO2 et jusqu’à 80% les émissions de particules fines et ultrafines. « C’est seulement un peu plus cher que le gazole », explique Christian Braley, qui a fait le choix du colza pour des considérations purement environnementales. Né paysan, l’industriel aveyronnais ne néglige pas non plus le fait que le colza utilisé pour ce carburant est entièrement produit en France, qu’il est naturellement favorable aux sols et à la biodiversité grâce à son utilisation en rotation de culture, réduisant ainsi l’usage des pesticides, qu’il ne nécessite pas d’irrigation, et qu’il limite les phénomènes d’érosion et contribue à maintenir une diversité de faune, de flore et de paysages dans les campagnes françaises. En plus de cela, le colza est le premier contributeur à la production de miel en France.

Le premier véhicule Braley à faire le plein avec l’Oléo100 est le camion qui, transporte le lait du roquefort Coulet à la laiterie de Sébazac.

L’arrivée de ce nouveau carburant chez Braley ne constitue qu’une phase de plus dans un long processus de réduction de l’empreinte environnementale de l’entreprise, engagé voilà plusieurs années par son patron. L’Oléo100 arrive après le GNV, gaz naturel pour véhicules (un camion roule déjà au méthane), après l’hydrogène (un véhicule roule au H2) et à quelques semaines de l’ouverture d’une station de production-livraison d’hydrogène (la plus grande de France) qui doit alimenter plusieurs dizaines de véhicules électriques à prolongateur d’autonomie en service dans le département.

En 2012, à la livraison du camion fonctionnant au gaz, Christian Braley avait solennellement
annoncé que plus aucun de ses camions ne devrait rouler au gazole à l’horizon de dix ans. Il n’est
pas loin de tenir sa promesse.