Chaque jour plus inquiète sur l’avenir économique du pays et sur le devenir de son institution, la CCI Aveyron a invité lundi le politologue à donner sa vision de l’économie de la France et à rappeler la place des différents acteurs dans la quête de croissance.
« Economie, finance, politique : quels pouvoirs ? » Tel était, précisément, le thème de l’assemblée générale publique de la CCI Aveyron, qui s’est déroulée lundi dans un amphithéâtre plein à craquer de chefs d’entreprises et représentants du monde économique. Les élus, et en particulier les parlementaires qui ont commis la maladresse de quitter la réunion prématurément, ont eu droit à quelques salves peu amères, voire excessives.
Il est vrai que cette assemblée avait pour ambition de répondre à cette question complexe : qui, aujourd’hui, détient les leviers de la croissance, ce graal objet d’une course mondiale effrénée, dans laquelle la France semble manquer de souffle ? Pour tenter de trouver la réponse, la CCI Aveyron avait invité un expert, le politologue Dominique Reynié, Aveyronnais d’origine et voix à la fois originale et tempérée dans le concert dissonant des analystes politico-économiques.
Le président Manuel Cantos avait pris soin de poser le contexte : « Condamner la mondialisation, système que nous ne trouvons pas forcément aimable, ne fera plaisir qu’aux gogos. Elle existe, c’est notre réalité, nous devons faire avec. Alors faisons avec, adaptons-nous, exigeons de nos gouvernants qu’ils nous accompagnent, au lieu de nous affaiblir, et qu’eux-mêmes s’adaptent et adaptent leurs actions avec leurs discours. Il faut agir et ne pas se contenter d’annonces fantaisistes et improvisées, sinon on ne fait qu’entretenir l’illusion. Il ne suffit pas de changer de mots pour changer de politique. »
A cette problématique teintée à la fois de crainte et de colère, Dominique Reynié répond par l’analyse et sa conclusion rejoint, ô combien ! le point de vue des chefs d’entreprises sur le constat. Mais il est plus optimiste sur les perpectives, estimant qu’une « révolution culturelle » est en train de se faire jour dans le logiciel des politiques français. Et le fait que les premiers signes de cette inflexion soient apparus dans un gouvernement de gauche lui semble augurer un changement durable, au profit de la croissance et de ceux qui en sont les premiers producteurs : les entreprises. C’est pourquoi, avec la volonté de ne pas éteindre la flamme qui brûle encore chez les chefs d’entreprises, « et en particuliers les Aveyronnais, taillés pour réussir plus sûrement que d’autres dans le monde d’aujourd’hui », il est arrivé à la conclusion que « la croissance de la France relève des chefs d’entreprises, des chercheurs, des bricoleurs, des collectivités, du monde associatif, de l’Europe », mais pas des politiques, que le système français pousse immanquablement vers le « narcissisme ». « Que peut faire le politique ? Il devrait plutôt se demander : que puis-je ne pas faire pour la croissance », propose Dominique Reynié. Et de conclure : « L’Etat n’est pas la solution, c’est le problème. »