L’assemblée générale de la Chambre de Commerce et d’Industrie a été l’occasion pour son président d’appeler à libérer l’entreprise des charges et réglementations, pour tendre vers ce que l’économiste Elie Cohen nomme l’économie créative.
Une fois encore, l’assemblée générale de la Chambre de commerce et d’industrie de l’Aveyron a fait le plein de son amphithéâtre. Et même plus. Près de 300 personnes, chefs d’entreprises, acteurs économiques, autorités locales avaient répondu à l’invitation du président Manuel Cantos, lequel s’est présenté à eux en « homme en colère mais non violent ». Car, avant de laisser la parole à l’économiste de renom Elie Cohen, l’énergique patron de la CCI avait quelques griefs à réitérer à nos gouvernants, dont les choix, selon lui, poussent les chefs d’entreprises vers « la catégorie des pauvres, des miséreux, ceux dont les lendemains sont bien sombres. » Manuel Cantos s’est ainsi appliqué à faire la liste des mauvais traitements infligés aux « chefs d’entreprises, petites et moyennes, qui doivent accomplir des prouesses pour des résultats souvent décevants » : sur-réglementation, entraves et embûches décidées par des politiques qui s’autorisent toutes les libertés. Et le président de la CCI de faire une proposition : « Arrêtons les aides aux entreprises, censées compenser les impôts taxes et prélèvements démesurés et destructeurs qui pèsent sur elles et baissons plutôt dans des proportions équivalentes toutes les charges paralysantes bloquant toutes les initiatives et le désir d’avancer de nos entreprises. »
Elie Cohen, l’économiste invité à animer cette assemblée générale, ne pense pas très différemment. Constatant les difficultés de la France à sortir de la crise et sa quasi incapacité à se débarrasser d’un chômage structurel, l’ancien collaborateur de Michel Rocard lance lui aussi quelques suggestions. Il prône, par exemple, une réforme fiscale d’inspiration scandinave, qui fait la différence entre les secteurs d’activité protégés (à l’abri de la concurrence) et les secteurs exposés. Ainsi, les revenus du capital sont-ils assujettis à une flat tax unique, estimant que ces revenus constituent autant de capacité d’investissement. La Suède a également introduit une logique de productivité dans les services publics qui ne relèvent pas des fonctions régaliennes d’autorité de l’Etat. « Les scandinaves ont fait le choix d’une économie créative », résume Elie Cohen.
L’économiste voit par ailleurs un certain potentiel de croissance économique dans la nécessité, pour la France, de rattraper son retard dans sa révolution numérique. La fin du cycle « Chine et matières premières » lui semble aussi de bon augure si la France parvient à saisir les opportunités d’un marché bouleversé, où les Chinois deviennent chaque jour des consommateurs de produits finis de plus en plus exigeants. L’inflation sur les salaires chinois devrait également inciter à relocaliser des activités qui avaient quitté le territoire national.
Pour échanger avec Elie Cohen et amener la salle au débat, quatre chefs d’entreprises aveyronnais avaient aussi été invités à partager leur expérience : Séverine Bénech, Joelle Sigal, Eric Nottez et Olivier Pasquesoone.
