Quelle que soit la suite de leur action, les présidents des Capeb Aveyron et Lozère ont d’ores et déjà réussi un joli coup médiatique en allant s’installer au belvédère du viaduc de Millau pour faire entendre leurs revendications.
Patrick Bounhol, le tonitruant président de la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment Aveyron n’a de cesse de le répéter : « Nous ne sommes pas des révolutionnaires, nous sommes des militants. » Jean-Michel Marquez, président de la Capeb Lozère, insiste lui aussi : « Il n’y aura ni excès ni débordements ». Pourtant, l’action engagée dès lundi par les deux présidents fait déjà beaucoup de bruit. La plupart des médias nationaux ont déjà dépêché des équipes en Aveyron pour recueillir la parole des artisans du bâtiment, retranchés derrière des banderoles portant le désormais célèbre avertissement : « Attention, un jour ça va péter ! »
Patrick Bounhol et Jean-Michel Marquez ont été les premiers, lundi, à installer leur campement avec vue sur le viaduc de Norman Foster, s’astreignant à un jeûne forcé de 9h à 18h. « Nous ne buvons que de l’eau, explique Patrick Bounhol. De l’eau de Lourdes, que nous ont envoyée nos collègues des Hautes Pyrénées. On verra si ça produit des miracles. » Mardi, les présidents d’Aveyron et de Lozère ont été rejoints à Millau par les présidents des Capeb de Midi-Pyrénées et du Languedoc-Roussillon. Ce mercredi, ce sont les présidents de toutes confédérations de France qui sont invités à se rassembler face au viaduc, avant l’arrivée, jeudi, du bataillon des artisans qui doit former ce grand rassemblement symbolique. Quelque deux mille personnes sont ainsi attendues en bordure de l’A75.
Par cette action originale et médiatique, la confédération espère faire reculer le gouvernement sur plusieurs points : l’augmentation de la TVA sur les travaux de rénovation, qui va passer à 10% au 1er janvier ; l’instauration d’une écotaxe sur les activités du bâtiment ; le maintient en l’état du statut des autoentrepreneurs. « Nous voulons une TVA réduite à 5,5% pour l’ensemble des travaux de rénovation et pas seulement sur les travaux de rénovation thermique, rappellent les deux présidents. Nous souhaitons également une réforme du statut de l’autoentrepreneur, qui constitue à nos yeux une concurrence déloyale pour les entreprises du bâtiment. » « Chaque semaine, les tribunaux de commerce enregistrent la disparition de plusieurs entreprises, relève Patrick Bounhol. L’heure est grave. »