La réduction de la capacité d’investissement des collectivités territoriales, premières pourvoyeuses de commandes, pourrait porter un coup fatal au secteur du bâtiment et des travaux publics de l’Aveyron.
Au cours des six dernières années, les entreprises du bâtiment et des travaux publics de l’Aveyron ont perdu 1231 emplois. Licenciements secs, non renouvellement de CDD, non remplacement de départ à la retraite… Les entreprises ont dû en passer par toute la panoplie des mesures les plus douloureuses pour sauver leur peau. Quand elles ont survécu. Car nombre d’entre elles ont déposé le bilan. « Et il ne s’agit pas là d’entreprises dont le patron confondait chiffre d’affaires et bénéfices », précise Daniel Druilhet, président de la Fédération du BTP de l’Aveyron. La seule cause de cette situation alarmante est l’effondrement des carnets de commandes, dont les entreprises aveyronnaises ont senti les effets dès les premiers mois de la crise économique de 2008. Dès cet instant, les professionnels du BTP ont vu le nombre de projets privés se réduire. La commande publique, soutenue par le département, les communes et l’intercommunalité, a tenu un peu plus longtemps, avant de commencer à fléchir sensiblement. Et aujourd’hui, les collectivités se voient privées d’une grande partie de leurs dotations par l’Etat, qui veut économiser 11 milliards d’ici 2017. C’est la raison pour laquelle la Fédération du BTP de l’Aveyron a décidé de soutenir le mouvement des maires, le 19 septembre.
Interrogés par la FBTP12, les maires de l’Aveyron (90% d’entre eux l’affirment) craignent devoir sacrifier l’investissement pour pouvoir assurer le fonctionnement de leur collectivité, si l’Etat ne revient pas sur sa décision. Or, la commande publique représentait jusqu’alors la majorité des chantiers ouverts sur le territoire. Les entreprises n’attendent pas, cependant, que les collectivités dépensent pour leur seul bénéfice. La FBTP12 a listé les besoins : la rénovation énergétique des bâtiments publics, l’amélioration de la performance énergétique de l’éclairage public, les réseaux d’eau dont les diagnostics révèlent de nombreuses fuites et défaillances, le réseau routier qui se dégrade, le plan départemental de 50 lacs collinaires qui n’a jamais été réalisé, la rénovation des centres bourgs touristiques, la RN88 à deux fois deux voies, la quartier de Combarel à Rodez, la construction des EHPAD de Rodez et de Millau, le développement de l’éolien et de la méthanisation, le déploiement de la fibre optique. Autant de chantiers que la FBTP 12 appelle de ses vœux.
« Si les communes ont de l’argent, nous irons mieux », résume Daniel Druilhet, qui aimerait être entendu par les autorités. Car la situation du secteur du bâtiment et des travaux publics, selon lui, mériterait plus d’attention et de solidarité. « A Bozouls ou à Séverac, quand 100 emplois industriels sont détruits, c’est l’Etat, les élus et même la réserve parlementaire qui sont mobilisés, rappelle Robert Hyronde.
Quand, il y a 2 ou 3 ans, Lejaby et Sea France perdent 200 emplois de moins que nous, on en parle aux journaux télévisés de 20 heures et les ministres interviennent publiquement. Pour nous et nos 1231 emplois perdus : rien ! »
Selon la Fédération départementale du BTP, la situation des entreprises aveyronnaises ne constitue pas un cas isolé mais serait représentative de ce qui se passe dans tous les territoires ruraux de France, où la capacité d’investissement des collectivités reste la seule garantie de carnets de commandes suffisants.