Tel est le projet défendu par Daniel Segonds, nouveau président de la SEM Air 12, dont l’objectif prioritaire entre tous est de conforter et améliorer la liaison quotidienne entre Rodez et Paris, outil essentiel pour les entreprises locales.
L’économie aveyronnaise ne serait pas ce qu’elle est s’il n’y avait pas l’aéroport et la ligne Rodez-Paris. Et s’il n’y avait pas la ligne Rodez-Paris, il n’y aurait aucune autre desserte. Pour Daniel Segonds, le nouveau président de la SEM Air 12 gestionnaire de la plateforme aéroportuaire aveyronnaise, l’enjeu est on ne peut plus clair : faire en sorte que des avions rapides et confortables continuent d’assurer la liaison entre le chef-lieu et la capitale, à un rythme quotidien, avec la plus grande régularité possible et au meilleur tarif. Ainsi décrite, la mission paraît simple, d’autant que Daniel Segonds a pu constater, avant de prendre la présidence, que les trois principaux acteurs de l’aéroport que sont le Département, le Grand Rodez et la CCI sont unanimes. « Mais nous sommes pieds et poings liés avec la compagnie Hop !, sur laquelle nous n’avons que peu de leviers d’action », prévient-il. A son grand regret. Car Daniel Segonds sait mieux que quiconque l’importance du vol Rodez-Paris. RAGT, dont il préside le conseil de surveillance, est, avec Sopra, le plus gros utilisateur de la liaison aérienne. « Il faut que nous arrivions à faire prendre conscience à la compagnie aérienne de l’importance vitale de cette ligne pour tout le territoire », résume-t-il.
Quelques semaines après sa prise de fonction à la suite de Manuel Cantos, le nouveau président a rencontré le pédégé de Hop !, Lionel Guérin. « Je pense qu’ils font ce qu’ils peuvent, analyse Daniel Segonds. Les dysfonctionnements constatés les premiers mois étaient des erreurs de jeunesse. La compagnie a fait des efforts en début d’année, mais tout cela reste fragile car un incident technique sur un seul avion de la flotte a des répercussions sur toutes les lignes. »
Même s’il admet que Hop ! fait des efforts, le président de la SEM Air 12 ne donne pas blanc-seing à la compagnie. Le fait que le trajet Rodez-Paris soit passé d’une durée d’une heure à une heure et demi est un vrai handicap. « Quand vous faites 50 allers-retours par an, comme je le faisais, cela représente 50 heures de perdues. Une semaine de travail ! Ce n’est pas rien ! Ce surplus de temps a eu pour effet, je pense, de réduire la zone de chalandise de Rodez. Cela a rapproché Naucelle de Toulouse. » Fort heureusement, la compagnie s’efforce depuis quelque temps de faire arriver ses avions « au contact » (c’est-à-dire jusqu’à la porte de l’aérogare), ce qui permet de re-gagner une quinzaine de minutes. Daniel Segonds a aussi beaucoup à dire sur la politique tarifaire de Hop !, « trop variable et totalement illisible ». « Même si le nombre de passagers augmente (plus 10 000), le ticket moyen baisse, constate-t-il. Cela signifie que même la clientèle d’affaires ne prend plus l’avion au prix fort. Nous avons atteint la limite du prix acceptable sur cette ligne. »
Sur cette liaison Rodez-Paris, Daniel Segonds verrait bien une offre spéciale Soulages, qui, hypothèse raisonnable, pourrait faire venir 20 000 passagers de plus chaque année. « Mais c’est un chantier sur lequel tous les acteurs aveyronnais du tourisme, de l’hôtellerie, de la culture doivent être mobilisés pour proposer une offre globale de séjour en Aveyron et pas seulement un vol entre Paris et Rodez.
Autre enjeu pour le nouveau président de la SEM Air 12, retrouver une liaison Rodez-Lyon, supprimée depuis février. « Nous sommes en train d’étudier des alternatives. C’est en négociation », annonce-t-il.
Il y a enfin les compagnies low cost au départ de Rodez. « Pour ces liaisons, la collectivité paie les compagnies, nous devons donc être vigilants sur l’intérêt réel de certaines destinations, avertit le président. Londres, Charleroi, Dublin… on peut estimer que le solde des passagers utilisant ces liaisons est plutôt favorable à l’Aveyron. Mais quel intérêt procure à notre territoire un vol vers Porto ? Nous payons, nous sommes donc en droit de nous poser la question. »