Avec l’arrivée de Philippe Queheille, en 2010, l’atelier de tapisserie de la Licorne s’est engagé dans un formidable grand écart entre la tradition du Moyen-Age et l’innovation soutenue par un designer aussi moderne que Miguel Chevalier. L’atelier de sérigraphie d’art sur tissu de Sauveterre cherche à entrer dans l’ère du led, de la phosphorescence et de la luminescence.
Désormais, l’une des célèbres tapisseries du musée Cluny, la Dame à la Licorne, scintille de dizaines de led ; une autre des représentations est constellée de touches phosphorescentes visibles uniquement dans la pénombre ; une troisième révèle certains détails à la lumière noire. C’est le fruit des recherches engagées par Philippe Queheille, sur les suggestions du designer Miguel Chevalier, pionnier mondial de l’art numérique et virtuel. L’artisan de Sauveterre et le créateur ont été mis en relation par l’intermédiaire de l’agence conseil Théma_Design, dans le cadre d’un programme d’accompagnement à l’innovation par le design. A partir d’une œuvre originale de Miguel Chevalier, la Licorne a développé une tapisserie contemporaine utilisant des encres phosphorescentes. Cette collaboration a permis à l’atelier aveyronnais d’acquérir de nouvelles connaissances techniques, qui ont été mises à profit pour créer une nouvelle collection baptisée Night and Day. On y retrouve les grands classiques modernisés et de nouvelles créations susceptibles de retenir l’attention des décorateurs et architectes d’intérieur. « Ce travail sur la luminescence est très prometteur et nous sommes encore les seuls à le développer, estime Philippe Queheille. Il pourrait nous ouvrir certains marchés du luxe et celui des établissements de nuit. » Outre la luminescence, la Licorne s’intéresse également à de nouveaux supports innovants et inédits en tapisserie, telle la maille métallique et certains tissus produisant des effets particuliers.
Un pied en Chine
Cette volonté de moderniser les produits est l’une des marques du nouveau patron de la petite entreprise, qui vient d’apporter la dernière touche à une totale réorganisation de l’atelier. Désormais, la centaine de reproductions qui constitue les collections de la Licorne (une collection unique au monde) est parfaitement conservée, pour une utilisation plus rationnelle.
L’ancien cadre de PSA, venu se mettre au vert aveyronnais après un burn out, a également mis à profit son expérience internationale pour diversifier les pays destinataires des tapisseries fabriquées à Sauveterre. Avant sa fermeture en 2005, l’atelier vendait 80% de sa production aux USA. Depuis sa reprise en 2010, il a trouvé de nouveaux clients à Moscou, Milan, Shangaï… La Chine est d’ailleurs un territoire plein de promesses pour la Licorne, qui a récemment trouvé un distributeur local. « C’est une entreprise chinoise de négoce en vin, que j’ai rencontrée lors du marché de pays aveyronnais, place du Capitole à Toulouse, raconte Philippe Queheille. Ils se sont intéressés à une tapisserie reproduisant une scène de vendange ; nous avons discuté ; ils ont décidé de distribuer la Licorne en Chine. » Il faut savoir saisir les opportunités quand elles se présentent. Comme ce jour où Philippe Queheille a vu cette annonce sur le site Le bon coin : « A vendre : atelier de sérigraphie au pochoir ».