C’est un projet innovant et pour le moins original que porte le Parc naturel régional de l’Aubrac : créer une plateforme numérique qui recense en Aubrac les pierres pouvant être utilisées pour des projets de construction ou de rénovation en pierre sèche.

Il s’agit d’une sorte de bourse aux pierres du plateau. Le granit qui fait les murets, le basalte dont on fait les maisons et le schiste utilisé pour les terrasses agricoles des vallées cernant l’Aubrac. Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, la pierre, marqueur de l’identité de l’Aubrac, n’est pas chose si facilement disponible sur le plateau. Tant et si bien qu’elle en devient une ressource précieuse, en particulier au moment où le PNR souhaite développer une filière de la pierre locale pour les projets de construction, de rénovation et de restauration du patrimoine bâti.

« Aujourd’hui, la pierre est devenue un matériau rare, cher et sous-utilisé. Les artisans et les porteurs de projets rencontrent de vraies difficultés pour en trouver, qui de surcroît doit être disponible pas trop loin du chantier » Explique Cathie O’Neill, directrice de l’Association des Artisans Bâtisseurs en Pierre Sèche (ABPS). « Dans notre commune par exemple, poursuit Eric Malherbe, maire de Marchastel, sachant la difficulté que l’on peut avoir à trouver des pierres locales dans la qualité souhaitée, nous nous sommes mobilisés très en avance pour notre projet d’aménagement du village. Et ce projet de Bourse aux pierres pourra certainement faciliter cette tâche et encourager le réemploi de pierres de qualité. »

La plateforme Les pierres collectives est un projet inédit qui souhaite rassembler le plus possible de propriétaires de pierres, cartographier la ressource locale et permettre aux professionnels de faire leurs courses, « un peu comme sur Le bon coin mais sans achat en ligne » explique avec malice Nicolas Leblois, chargé de mission Patrimoine bâti et paysage au Parc. Les pierres collectives permettront seulement de mettre en relation l’offre et la demande. Aujourd’hui, l’outil n’est pas encore créé car il faut d’abord recenser la ressource sur tout le territoire. La pierre pouvant être réutilisée doit provenir de travaux de terrassement ou de voirie, ou alors être issue d’une ruine à l’emplacement de laquelle un autre projet est prévu. Il peut s’agir aussi d’un stock de pierres inutilisées que le propriétaire souhaite rendre utile. Il n’est pas question de proposer sur cette plateforme un vieux muret ou un ancien sécadou. Ces éléments bâtis font partie de ce que l’on appelle le patrimoine vernaculaire et doivent être préservés.