Adrien Compain élabore des ligueurs et des alcools aux épices, avec l’ambition de faire voyager les consommateurs à travers les arômes du monde.

Comme d’autres glissent des miniatures de bateaux dans des bouteilles, Adrien Compain utilise lui aussi des bouteilles pour inviter au voyage. Des bouteilles d’alcool (spiritueux et liqueurs) chargées des arômes d’épices et des senteurs de divers continents. Adrien Compain a grandi aux Seychelles (sur l’île de Mahé), puis à la Réunion. Adulte, il a beaucoup voyagé sous toutes les latitudes et conserve encore un goût immodéré pour le voyage et le dépaysement. Après une première vie professionnelle d’informaticien, il a choisi, en guise de reconversion, de devenir distillateur, avec l’idée que l’alcool pouvait être un véhicule intéressant pour faire partager les arômes du monde. Il a donc créé la distillerie artisanale Les Eaux de Mahé, voila trois ans, à Saint-Affrique. « N’étant pas alcoolique, je pouvais me lancer sans risque dans ce genre d’activité », plaisante-t-il.

Même s’il utilise un savoir-faire et des méthodes traditionnelles, le distillateur encore débutant imagine des produits qui n’ont rien de traditionnels. Il produit des alcools et des liqueurs parfumés aux épices : des poivres (Timut, Kampot), des vanilles (Madagascar, Papouasie, Ouganda, Nouvelle Calédonie), du combava (dont une partie est cultivée à Cahors), de la fleur d’oranger (produite à Vallauris). « Chaque fois que je le peux, je me sers chez des producteurs de proximité, assure Adrien Compain. Quant aux épices, je les prends chez des fournisseurs qui sélectionnent les meilleures origines. » Ces épices ou ces fruits macèrent dans un alcool de blé avant d’être distillés. « Ce procédé adoucit l’alcool, rend le breuvage plus rond », ajoute encore le distillateur. C’est ainsi qu’il élabore des liqueurs (additionnées de sucre de canne et affichant un degré d’alcool inférieur à 31%) et des spiritueux (taux d’alcool supérieur à 38%, sans sucre. « Juste l’alcool et l’épice, précise-t-il. Pour l’instant, je préfère me cantonner à des saveurs pures. Je verrai plus tard s’il est intéressant de faire des mélanges, des assemblages. » A son catalogue, les Eaux de Mahé compte actuellement trois liqueurs (combava, fleurs d’oranger, vanille) et deux spiritueux (poivre de Kampot et poivre de Timut). Les Eaux de Mahé se boivent (avec modération) en apéritif ou en digestif. « Mais je souhaite développer des alcools culinaires pour les chefs cuisiniers et la mixologie (les cocktails), glisse le distillateur. Je suis convaincu que mes alcools sont parfaitement adaptés à ce type d’usages. »

Encore en phase de développement et de recherche d’idées nouvelles, Adrien Compain produit environ un millier de bouteilles chaque année.

Les Eaux de Mahé, labellisées depuis quelques mois, seront présentes au salon du Fabriqué en Aveyron, à la salle des fêtes de Millau, les 22, 23 et 24 septembre.