La Cour des comptes et les chambres régionales des comptes se sont intéressées à l’efficacité des mesures mises en œuvre, au niveau national, comme au niveau local, pour améliorer le système de santé de proximité.

Alors que la demande de soins tend à augmenter en raison du vieillissement de la population et qu’un accès aux soins de premier recours est une exigence renforcée, l’offre en soins de premier recours est inférieure à la moyenne nationale. Satisfaisante pour les infirmiers et les pharmacies, la densité des médecins généralistes, des kinésithérapeutes, des chirugiens-dentistes varie très fortement selon les territoires. Elle est ainsi de 109 pour la communauté de communes Aubrac, Carladez et Viadène mais de 36,3 pour la communauté de la Muse et des Raspes du Tarn.

Nombreuses sont les collectivités territoriales à avoir apporté un soutien à la construction de maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP). Ces MSP regroupent dans une même structure divers professionnels de santé libéraux (médecins, infirmières, kiné…). Les enquêtes de la chambre montrent que les résultats de ces interventions sont positifs lorsque l’aide conforte un projet médical solide, et l’engagement effectif des professionnels de santé ; c’est le cas par exemple des maisons de santé pluriprofessionnelles construites par la communauté de communes Aubrac, Carladez et Viadène. La construction de MSP est ainsi intervenue à la suite d’un diagnostic réalisé à la fin des années 2000 par les professionnels de santé du territoire, inquiets des évolutions possibles en matière de démographie médicale.

De même, la communauté d’agglomération de Rodez s’est appuyée sur son contrat local de santé pour proposer, au-delà de la construction de trois maisons de santé, une démarche globale de soutien aux professionnels du secteur.

C’est également la démarche suivie par le département de l’Aveyron, qui a organisé un soutien individualisé aux professionnels de santé, avec la création en 2011 d’une cellule « Accueil médecin », destinée à permettre la réalisation de stages sur le territoire et à aider à l’installation ultérieure éventuelle des médecins.

Cette stratégie partenariale connaît des réussites évidentes, notamment dans l’Aubrac, dont la densité en médecins généralistes est restée satisfaisante, mais au prix de l’aggravation de l’accès aux soins de premier recours dans des territoires très carencés. C’est en partie le reflet de la concentration des aides sur les projets portés par des acteurs locaux volontaires, mais qui ne maillent pas le territoire départemental de manière exhaustive. Les acteurs publics interviennent en soutien des initiatives menées par les professionnels ou les élus locaux, mais dans les territoires où les volontés locales ne sont pas mobilisées, les leviers qui permettraient un ciblage territorial ou social plus marqué, comme le déploiement de centres de santé ou le développement d’actions de soutien en provenance des hôpitaux de proximité, n’ont pas été mis en œuvre. Se développent ainsi des zones carencées, où n’exercent plus aucun professionnel.