Une foule nombreuse avait répondu à l’invitation d’Alfred Pacquement, le président de l’établissement gestionnaire du musée, et de Benoît Decron, le conservateur en chef, à l’occasion du 10e anniversaire de l’inauguration du musée Soulages de Rodez.
Vendredi 30 mai, avant une visite des nouvelles expositions, les partenaires institutionnels du musée se sont succédé au micro pour saluer la réussite de ce musée dont une grande majorité de Ruthénois (selon les sondages de l’époque) ne voulait pas.
Le maire et président de Rodez Agglomération, Christian Teyssèdre, a été le premier à rappeler combien le chemin ouvert par son prédécesseur a été jalonné de résistances, avant que le musée ne s’impose à tous comme un phare de l’attractivité de la ville (en 10 ans, il a reçu 1,5 million de visiteurs). Et il encourage maintenant les responsables du musée à aller chercher encore plus de visiteurs dans les années à venir. Le président du Département, Arnaud Viala, s’est quant à lui réjouit que le l’œuvre de Pierre Soulages et son musée aient mis Rodez et l’Aveyron « au centre du monde ».
Mais c’est probablement l’intervention de Carole Delga, la présidente de la Région, qui aura le plus marqué les esprits. Après avoir rappelé la participation de la Région dans ce projet, elle a surtout souhaité mettre en lumière le rôle essentiel joué en son temps par l’ancien maire de Rodez, Marc Censi, discrètement présent dans l’assistance. C’est lui, en effet, qui a su convaincre les époux Soulages qu’un musée consacré au maître de l’Outrenoir ne pouvait voir le jour que dans sa ville de naissance, Rodez, et non à Paris, New York ou Tokyo… C’est lui aussi qui, avec le peintre, a commencé à dessiner les contours du projet culturel et à essuyer les premières salves des détracteurs.
Sur un ton beaucoup plus politique, suscité probablement par l’actualité électorale du moment, la présidente socialiste de la Région a aussi tenu à rappeler publiquement que Marc Censi, qui a dirigé la Région Midi-Pyrénées de 1987 à 1998, s’était résolu sciemment à perdre son siège en refusant les voix du FN, pour ne pas « connaître l’indignité de diriger la collectivité avec l’extrême droite », selon les mots de Carole Delga. Ce qui a déclenché spontanément les applaudissements nourris de l’assistance.
Inauguré le 31 mai 2014, le musée Soulages est soutenu essentiellement par quatre partenaires qui ont accompagné sa création et son fonctionnement depuis une décennie : les 4 membres de l’EPCC – l’Etat, la Région Occitanie, le Département de l’Aveyron et Rodez Agglomération – qui soutiennent à parts égales près de la moitié du budget annuel du musée. En 2024, chaque membre a ainsi investi 342 000€ pour un budget total de près de 3 M€. Les 4 partenaires ont également voté fin 2023 une aide complémentaire de 57 500€, pour aider le musée à faire face à la hausse des coûts énergétiques.
La soirée des 10 ans a commencé par une visite du musée en présence d’Alfred Pacquement, président du musée, et de Benoît Decron, directeur et conservateur. Les invités ont notamment pu découvrir le nouvel accrochage des collections permanentes ainsi que plusieurs expositions temporaires : 7 peintures Outrenoir de Pierre Soulages (donation de Colette Soulages en 2023) ; 34 photographies de Claude Gassian prises en 2009 dans l’atelier du peintre ; les œuvres de l’artiste plasticienne Jeanne Vicerial ; l’installation immersive Polysémie IV de Pascale et Damien Peyret.
La soirée s’est achevée par un concert de l’orchestre national du Capitole de Toulouse au Théâtre La Baleine de Onet-le-Château, qui a interprété la composition Reflecting Black de William Blank, en hommage à la lumière que donnait Pierre Soulages à la couleur noire.