La fonderie sous pression de Viviez fête ses quarante ans d’existence dans un contexte économique difficile. Malgré tout, le patron du leader français des pièces en alliage d’aluminium pour l’automobile garde confiance et a déjà commencé à parier gros sur l’avenir.

Patrick Bellity n’a pas obtenu l’accord de compétitivité qu’il espérait pour préserver les capacités d’investissement de SAM Technologies. Il proposait une heure de travail supplémentaire par semaine et plus de flexibilité pour répondre aux fluctuations de la charge de travail dans l’année. Les négociations se sont conclues sur le gel des salaires pour l’année 2013. « Je ne suis pas du genre à laisser tomber : je ferai d’autres propositions », dit-il. Le patron de « la SAM », entreprise leader du groupe Arche qu’il préside, passe pour être combatif. Il le confirme à travers la stratégie qu’il met en place pour l’avenir du site aveyronnais créé en 1973 : investir coûte que coûte pour maintenir voire développer les capacités de production de l’usine et, ainsi, être à pied d’œuvre quand l’automobile repartira. « Un petit rayon de soleil et tout peut repartir, il faut donc être prêt maintenant », prédit-il. Selon lui, cette éclaircie viendra d’abord de l’international. « On sent déjà un frémissement chez certains constructeurs et sur certains marchés étrangers, constate-t-il. Nous avons déjà obtenu de nouvelles commandes, en particulier de constructeurs allemands tels que Daimler, et d’autres se profilent à l’horizon. Nous prévoyons une vraie reprise en 2014 et 2015, avec la sortie de plusieurs nouveaux modèles chez les différents constructeurs. »
De nouveaux outils
Pour être prête, la SAM a donc beaucoup investi au cours des derniers mois. L’entreprise a dépensé 12 millions d’euros pour l’installation de deux nouvelles presses automatisées de 1600 et 2200 tonnes, afin de répondre aux exigences de nouveaux clients. « Au cours des quinze dernières années, nous avons ainsi investi à Viviez quelque 83 millions d’euros pour permettre à l’usine de monter en gamme et de gagner en compétitivité. » Le contexte, pourtant, n’était guère encourageant. Après un premier semestre 2012 plutôt bon, l’entreprise a connu un véritable effondrement des commandes, lié en grande partie aux difficultés des constructeurs français. Seuls les marchés à l’international lui ont permis de se maintenir tant bien que mal. Le premier semestre 2013 n’est guère plus florissant, mais le patron du groupe Arche mise sur un second semestre plus dynamique. Afin de maintenir les investissemenst prévus, SAM Technologies est donc allée chercher l’aide des banques et l’a trouvée auprès de la Caisse d’Epargne Midi-Pyrénées, du Crédit Agricole et… des Caisses d’épargne allemandes. « L’important, pour nous est de durer, explique Patrick Bellity. Celui qui gagne, c’est celui qui reste debout le plus longtemps ; les autres sont éliminés. »
Même si l’usine de Viviez peut encore gagner en performances, elle est prête à affronter les prochaines années. Aujourd’hui, les 460 salariés de SAM technologies produisent chaque jour 65 000 pièces de fonderie d’alliages d’aluminium pour les constructeurs automobiles et les équipementiers. On trouve des pièces SAM dans les Renault, Dacia, Samsung, Nissan, Citroën, Suzuki, Peugeot, BMW, Mercedes, AMG et chez les équipementiers Continental, Bosch, Valéo ou encore Getrag. En 2012, le groupe Arche a fait un chiffre d’affaires consolidé de 172 M€ (73 M€ pour la seule SAM) et un résultat net très légèrement positif (0,5 M€).
Plaidoyer pour les ETI
Patrick Bellity n’est pas du genre à se lamenter sur son sort, mais il ne se prive pas de plaider sans cesse la cause des entreprises de taille intermédiaire (ETI) dont il est certain qu’elles sont « les entreprises de la reprise ». C’est d’ailleurs ce qu’il a fait auprès du Président de la République lors de sa venue à Rodez. « Je ne vois pas, dans le plan de compétitivité du gouvernement de véritable choc destiné aux ETI, dit-il. Les politiques publiques sont plutôt destinées aux grandes entreprises et aux PME, mais elles ne sont pas réellement accessibles aux ETI. A l’image de SAM Technologies, ces entreprises présentent pourtant tous les atouts pour assurer en grande partie l’avenir de l’économie française : se sont souvent des entreprises à capitaux industriels à long terme, elles font l’effort de monter en gamme, elles maintiennent un haut niveau d’investissement et préservent leurs capacités de production, elles sont présentes sur les marchés à l’international… Elles méritent que la puissance publique s’intéresse plus à elles. »