Pour le président du Grand Rodez, l’innovation est l’un des plus sûrs moyens, pour les entreprises, de passer les crises sans encombre. C’est aussi une façon de sortir du trop classique lamento des mauvaises nouvelles. Entretien.

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Media12.fr : Quelle est l’origine des Trophées de l’Innovation organisés par le Grand Rodez, dont les lauréats seront connus ce jeudi 13 juin ?

Ludovic Mouly : L’idée de ces Trophées a germé au cours des échanges réguliers que la collectivité entretient avec le Conseil des Entrepreneurs du Grand Rodez, formé d’une soixantaine de chefs d’entreprises du territoire. L’idée est donc venue des chefs d’entreprises et la collectivité l’a rendue opérationnelle.

Quel est l’objectif poursuivi ?

Ne pas rester dans le journal des mauvaises nouvelles économiques ! La volonté des Trophées est de mettre en lumière les pépites de notre territoire, ces entreprises de toutes les tailles et de tous les secteurs, qui inventent de nouveaux concepts, de nouveaux produits, de nouveaux services. Ces entreprises sont plus nombreuses qu’on ne le pense. Pour cette première édition des Trophées de l’Innovation, nous avons reçu quinze dossiers complets, couvrant les cinq secteurs d’activité les plus représentatifs du territoire : informatique, agroalimentaire, bois et bâtiment, mécanique, tourisme. C’est la preuve qu’il y a ici des entreprises en capacité de créer de nouveaux leviers de croissance. Car il est de plus en plus évident que les entreprises innovantes sont celles qui franchissent les crises avec le moins de difficultés. Tout tend à démontrer que l’innovation est l’un des meilleurs moyens de relancer la dynamique économique. L’innovation est souvent la clé de la porte de sortie des crises. Les Trophées de l’Innovation ont pour ambition de soutenir cette idée en offrant plus de visibilité aux lauréats.

Cette opération, une première pour le Grand Rodez, a-t-elle vocation à être pérennisée ?

Je souhaite qu’elle soit pérennisée. Il y aura d’autres Trophées de l’innovation. Pas forcément tous les ans ; il faudra réfléchir à la bonne périodicité. Aussi importante que la périodicité est la crédibilité de l’opération. A multiplier les remises de prix, on prend le risque d’en diluer la valeur. Nous serons toujours attentifs à la caution économique, scientifique et technique d’un jury composé de professionnels dont l’expertise est reconnue. Ces Trophées doivent constituer un label de dynamisme ; ils doivent aussi avoir une action prolongée dans le temps en veillant au suivi des projets primés.

Ce credo de l’innovation ne s’exprime pas qu’à travers les Trophées…

Non, bien sûr ! Ce que l’on sait peu, c’est que le Grand Rodez est la première agglomération de Midi-Pyrénées partenaire du pôle de compétitivité Agrimip Sud-Ouest Innovation (1). La collectivité soutien cinq projets labellisés Agrimip portés par des entreprises du territoire : Innov’Herba (adaptation des plantes fourragères), Oléosol (productivité du tournesol), Roquefortin (optimisation des conduites d’élevage), Végépack (conception d’emballages alimentaires biodégradables), Genomic Breeding (prédiction statistique génomique). A ce jour, la communauté d’agglomération a apporté une aide financière globale de 200 000 euros, sur ces projets qui représentent en tout plus de 3 millions d’euros. Au-delà de l’aide financière, l’engagement de la collectivité a aussi parfois un effet de levier inattendu : certains projets ont été labellisés par Agrimip après avoir reçu l’agrément du Grand Rodez ; la présence de la collectivité dans certains dossiers a encouragé d’autres entreprises expertes à se rapprocher de l’entreprise porteuse du projet initial… Tout cela génère une forme de dynamique et la dépense engagée en faveur de l’innovation et de la recherche se révèle très utile à toute la collectivité.

Le temps économique n’est pas le temps politique. Les acteurs économiques, pressés de réussir, reprochent souvent aux collectivités leur inertie, leurs lourdeurs et leur manque d’inventivité. Entendez-vous ce reproche ?

En matière d’inventivité et d’initiative, le Grand Rodez a déjà démontré qu’il est capable de belles choses. C’est la collectivité, par exemple, qui est à l’origine de ce qui pourrait conduire à de grandes innovations au bénéfice de plusieurs entreprises du secteur agroalimentaire situées sur la zone d’Arsac. Dans la continuité d’un diagnostic de la filière viande, le Grand Rodez a amené plusieurs partenaires (Centre Technique de la Viande, Ademe, Ecole des mines d’Albi, entreprises, laboratoires) à travailler sur la valorisation des déchets. Outre la méthanisation de certains de ces déchets, plusieurs pistes de transformation à forte valeur ajoutée sont à l’étude ; l’une d’elles, en direction de l’industrie cosmétique, pourraient donner lieu à un programme de recherches porté par un consortium d’entreprises et de laboratoires et soutenu par Agrimip.

(1)  Lire aussi l’interview de Daniel Segonds